HAD et kinésithérapie libérale
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Hospitalisation à domicile : Elisabeth Hubert à la rencontre des kinésithérapeutes
Franck Gougeon
Elisabeth Hubert, la prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration nationale des Ă©tablissements d’hospitalisation Ă domicile fait actuellement le tour des organisations de professionnels de santĂ© pour Ă©laborer avec eux un rĂ©fĂ©rentiel des pratiques de la HAD.
L’ancien ministre souhaite crĂ©er, en 2007 un comitĂ© d´éthique, mettre en place un observatoire des pratiques et dĂ©finir un rĂ©fĂ©rentiel de ces pratiques en lien avec les organisations de praticiens.
A l´écoute des praticiens de terrain, elle vient de rencontrer les responsables de la FFMKR.
Selon eux, les masseurs-kinĂ©sithĂ©rapeutes qui sont tout Ă fait disposĂ©s Ă s’impliquer dans l´hospitalisation Ă domicile, sont, en mĂŞme temps, très attachĂ©s Ă conserver leur statut de praticien libĂ©ral.
« Par ailleurs et si l´on prend en compte les problèmes dĂ©mographiques que nous connaissons actuellement, il faudra que les honoraires des masseurs-kinĂ©sithĂ©rapeutes soient fixĂ©s par rapport au tarif conventionnel mais que le service supplĂ©mentaire qu’ils offriront, service directement liĂ© Ă l’Hospitalisation Ă domicile, leur soit Ă©galement rĂ©munĂ©rĂ© » insiste Alain Bergeau selon qui tous les modes de rĂ©munĂ©ration sont envisageables.
Quoi qu´il en soit, le prĂ©sident de la FFMKR a bien dĂ©taillĂ© son intention de ne pas ĂŞtre contraint par « un schĂ©ma directeur trop strict ». « Il faut, selon lui, du sur-mesure. On ne peut pas imaginer la HAD de la mĂŞme façon selon que l’on exerce dans une grande agglomĂ©ration, dans une ville moyenne ou en zone rurale ».
Plusieurs remarques issues de mon expérience professionnelle:
Coté kiné: que du vécu
- l’HAD a longtemps Ă©tĂ© une mauvaise payeuse… le patient dĂ©barque sans ordonnance un vendredi soir, mais l’infimière assure que la rĂ©gularisation sera faite le lundi = non rĂ©glement des premières sĂ©ances effectuĂ©e en urgence les WE, veilles de fĂŞtes et de vacances scolaires.
- l’infirmière coordinatrice part en vacances… non renouvellement des prescriptions = non rĂ©glement de la pĂ©riode, accord oral= peau de balle… pendant ce temps le brave MK assure la continuitĂ© de ses soins, gratos!
- pas de feuille de soins standard, relative complexitĂ© des formulaires proposĂ©s, bureaucratie tatillonne… dates de règlements alĂ©atoires et lointaines, dossiers en souffrance, interlocuteurs multiples (changement de poste, grossesses, congĂ©s frĂ©quents, formations) qui vous fait toucher du doigt le gouffre qui sĂ©pare le fonctionnaire du libĂ©ral… abandons de l’idĂ©e mĂŞme de se faire payer!
=> depuis plusieurs annĂ©es, j’ai cessĂ© de prendre en charge ce type de patients.
Coté patient: que du vécu
- le ballet des intervenants, horaires d’intervention alĂ©atoires, une demi-douzaine d’infirmières= l’enfer pour les familles, pour le patient… et pour le kinĂ© habituĂ© Ă organiser prĂ©cisĂ©ment ses tournĂ©es car les soins d’un MK prennent du temps (cf la NGAP), et dix minutes de perdues c’est dĂ©jĂ une durĂ©e impactante pour la suite de la journĂ©e.
- si l’objectif est de normaliser le patient dans son environement famillier, force est de constater que l’hopital permet souvent une meilleure qualitĂ© de vie!
- Les perles: que du vécu
- j’ai le souvenir d’un prĂ©ma suivi tous les jours (WE compris) pendant trois mois… Ă l’Ă©poque c’Ă©tait de l’AMK5, impossible de passer la main provisoirement Ă un autre MK… car changement de praticien trop compliquĂ© pour l’HAD et puis surtout pas assez cher, mon fils, pour accepter de se flinguer les WE!
- je reçois un appel d’une coordinatrice, kinĂ© (c’est rare), pour une fois un dialogue convenable s’instaure… je lui explique qu’il serai plus judicieux de faire appel Ă des praticiens de quartiers, rompus Ă la prise en charge Ă domicile plutĂ´t que d’envoyer des intervenants dans les embouteillages… elle me rĂ©pond que nous autres, libĂ©raux, n’avons pas de temps pour la prise en charge de cas lourds et complexes!!!… estomaquĂ©, je ne rĂ©pond pas (inhibition de l’action).
Nous trouvons un accord: si le patient sort de l’HAD, je prend en charge sa rĂ©Ă©duc…
Je prend donc contact avec la famille du patient, résultat édifiant:
- le MK de l’HAD passait tout au plus 10 minutes avec ce patient, se dĂ©placait en bagnole (moyen de transport que j’ai abandonnĂ© depuis 15 ans, very time consuming in Paris) et arrivait dans une orbe de deux heures… en fait une tout autre planète (c’est donc comme ça qu’ils prennent en charge les cas lourds en HAD!).
- Opus: intermède hospitalier, le ballet des infirmières a repris.
Mon patient est Ă nouveau en HAD, et je me suis laisser flĂ©chir par la famille… il parait qu’ils ont simplifiĂ© les modalitĂ©s de rĂ©glement, je pourrai utiliser mes feuilles de soins habituelles!
On verra!
Entre temps certains intervenants de l’HAD ont estimĂ© plus prudent de laisser ce patient agĂ© au lit…
Je reviens donc trois jours plus tard et trouve un patient confus et dĂ©sorientĂ©, dĂ©but de coup de vent sur les MI et d’escarres sacrĂ©, installation au lit d’une grande mĂ©diocritĂ©… et coup de gueule du kinĂ©, votre serviteur…
RĂ©sultat: ils le mettent de nouveau au fauteuil… le patient va mieux, mais l’Ă©quipe me voue une haine farouche… certains parlent d’un lève-malade (dans 10 mètres carrĂ©s)… et je sens que ça va encore pĂ©ter!
C’est promis, c’est la dernière fois, pour bibi plus jamais d’HAD… et tant pis pour les malades.
ce texte est une oeuvre de pure fiction… toute ressemblance avec… etc!
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moi je suis tres contente du travail que me procure HAD .Biensur je passe le temps qu’il faut avec ces patients :c’est plus long qu’un soin normal mais j’ai beaucoup de satisfaction de travailler enfin en equipe.Il est certain qu’il faudrait revoir la nomenclature habituelle pour ce genre de soin.
En ce qui concerne les soins en HAD, ils ne relĂ©vent pas de la nomenclature : tu es rĂ©glĂ©e normalement directement par l’HAD, sans avoir au prĂ©alable fait de DEP et tu as signĂ© un contrat avec l’had.
Autrement dit : si tu pratiques les “tarifs” sĂ©cu, lors de ta dĂ©claration URSSAF, tu va remplir la case honoraires non conventionnĂ©s avec le montant des tes prestations had : tu cotiseras donc de façon plus elevĂ©e (RSI) sur des actes que tu auras toi mĂŞme dĂ©cidĂ© de tarifer !!!
Gilharaut, je crois utile de te rappeller que le temps prĂ©conisĂ© par la NGAP est de l’ordre d’une demi-heure par patient, en tĂŞte Ă tĂŞte, c’est donc une sĂ©ance de durĂ©e simplement normale!
Je ne saisi pas bien ce que tu entend par travail en Ă©quipe?
… car pour prĂ©server cette durĂ©e rĂ©glementaire de traitement auprès du patient il ne faut surtout pas croiser les infirmières salariĂ©es et se tenir Ă l’Ă©cart de leurs horaires très lâches de soins (ou mieux les dresser Ă respecter nos horaires de passage, car si leur orbe de visite est de l’ordre de plusieurs heures, celle d’un kinĂ© libĂ©ral n’est que de dix minutes, emploi du temps chargĂ© oblige… d’autre part ne pas respecter d’horaires est une punition infligĂ©e au patient, alors autant qu’il reste Ă l’hosto) et le temps perdu en transmission, quand ce n’est pas en bavardage, n’est pas payĂ© Ă nous autres libĂ©raux!
Je pense donc que tu n’est pas une kinĂ©, ou bien que tu ne travaille pas en libĂ©ral…
LT, curieusement je n’ai jamais rencontrĂ© la situation que tu dĂ©cris… mais par contre DEP et feuilles de soins obligatoires (très rĂ©cemment car pendant longtemps ils nous faisait remplir un formulaire spĂ©cifique particulièrement chiant), et d’autre part je n’ai jamais eu Ă signer de contrat!
Ce sont donc des honoraires conventionnĂ©s mĂŞme s’ils ne sont pas payĂ©s sur le budget des soins de villes.
Mais Ă te relire j’imagine que chaque HAD gère son activitĂ© Ă sa manière… la bonne foire administrative bien opaque habituelle.