Hypercyphose du sujet âgé
Par VĂ©ra Lemaire (Paris)
Article commenté :
Narrative review: hyperkyphosis in older persons
Kado DM, Prenovost K, Crandall C
Ann. Intern. Med. 2007; 147: 330-8
Retrouvez l’abstract en ligne
La prévalence de l’hypercyphose chez le sujet âgé varie de 20% à 40%. Les causes et les conséquences en sont mal connues. Alors que la plupart des cliniciens pensent qu’elle est la conséquence de tassements vertébraux, ceux-ci ne sont présents que dans un tiers des cas. De plus, l’hypercyphose peut s’associer à des complications, pulmonaires notamment.
La cyphose se mesure par une ligne tirée du bord supérieur de la vertèbre qui démarre la courbe thoracique, en général T4 et le bord inférieur de celle qui est à l’interface entre les courbes dorsales et lombaires, en général T12. Les perpendiculaires de ces 2 lignes forment l’angle de Cobb. On peut aussi mesurer cliniquement la distance occiput-mur. En position couchée souvent utilisée chez le sujet âgé, l’angle peut être sous-estimé.
Dans la population jeune, l’angle normal de cyphose varie de 20 à 40° ; chez le sujet âgé, il est de 48° à 50° chez la femme et de 44° chez l’homme. L’angle augmente avec l’âge.
Dans une étude longitudinale de 100 femmes et hommes âgés de 50 ans et plus (en moyenne de 62 ans), l’angle thoracique moyen augmente de 3° par décade. Les sujets les plus âgés ont les augmentations les plus prononcées.
Les étiologies autres que les tassements vertébraux sont les modifications posturales, les discopathies dégénératives, la faiblesse musculaire, la dégénérescence ligamentaire et une prédisposition génétique.
Dans une étude de 100 femmes, il y avait une corrélation significative entre la hauteur antérieure des disques et l’angle de cyphose, sans qu’il soit établi si la discopathie contribue à la cyphose ou en est la conséquence.
Il existe une corrélation inverse entre la force musculaire mesurée par la force de préhension et l’hypercyphose. Trois études montrent des corrélations entre la force des muscles extenseurs rachidiens et l’hypercyphose chez des femmes post-ménopausiques.
Certaines maladies génétiques sont associées à une hypercyphose de survenue précoce : ostéogénèse imparfaite, syndrome d’Ehler-Danlos, syndrome de Marfan et surtout maladie de Sheurmann, qui est la cause la plus fréquente d’hypercyphose juvénile. Elle est probablement héréditaire. Mais sa prévalence de 8% n’explique pas la prévalence beaucoup plus élevée chez le sujet âgé.
L’hypercyphose peut s’accompagner de dysfonction ventilatoire restrictive et aussi obstructive même si les autres éléments (âge, sexe, tabagisme, antécédent de bronchite chronique ou asthme) sont pris en compte.
Une fonction physique diminuée est aussi associée à l’hypercyphose du sujet âgé : difficultés pour faire sa toilette, mobilité altérée. Les mesures des performances sont aussi diminuées : plus grande consommation d’oxygène et de dépense d’énergie au repos.
Les tassements vertébraux sont à l’origine de l’hypercyphose, mais l’hypercyphose est aussi un facteur de risque de fractures vertébrales. Enfin, elle altère la qualité de vie et augmente le risque de mortalité.
La thérapeutique n’est pas standardisée. En cas de tassements vertébraux, il faut mettre en route un traitement de l’ostéoporose. Le port d’orthèse, les exercices peuvent entraîner une amélioration.
Date de publication : 08-02-2008
Trackbacks
Use this link to trackback from your own site.