une « valeur statistique de la vie » ?
La valeur statistique de la vie peut être utilisée pour mesurer en unités monétaires la valeur créée par les gains en santé et en longévité. Dans un article qui a connu un large succès auprès des économistes, Murphy et Topel [36] réalisent cette évaluation pour les États-Unis. Ils obtiennent un résultat spectaculaire : entre 1970 et 2000, les gains en espérance de vie auraient ajouté à la richesse nationale, chaque année, une valeur équivalente à environ 50 % du PIB ! Dans le même temps, la croissance des dépenses de santé aura absorbé seulement 36 % de la valeur due à l’accroissement de la longévité.
… une notion que (pour ma modeste part) j’ai croisĂ© pour la première fois Ă la lecture de l’intĂ©ressant opuscule Ă©ditĂ© par les Ă©ditions rue d’Ulm, disponible en libre accès sur le site du CEPREMAP, intitulĂ©:
Les dépenses de santé : une augmentation salutaire
Brigitte Dormont
“… le coĂ»t des soins augmente rapidement mais leur efficacitĂ© aussi. Une augmentation de la longĂ©vitĂ©, une baisse des handicaps et une amĂ©lioration de la qualitĂ© de la vie sont obtenues en contrepartie des dĂ©penses de santĂ©. Et la valeur de ces gains en bien-ĂŞtre dĂ©passe largement le coĂ»t des soins.”
Dossier de presse :
Source : Futuribles
Date : mai 2009
La croissance difficilement maîtrisable des dépenses de santé dans les pays développés est souvent considérée comme un risque pour l’avenir, notamment en raison du poids qu’elle fait et fera peser sur les finances publiques. Ce livre bref aborde, pour une fois, la question sous un autre angle, en se demandant si ce phénomène n’est réellement que négatif.
Dans le premier chapitre, l’auteur analyse le rôle de l’âge dans l’explication des dépenses de santé. Le facteur décisif est-il l’âge proprement dit ou la proximité de la mort ? Cette question a été pendant quelques années au coeur du débat concernant l’impact du vieillissement de la population.
Le deuxième chapitre est consacré à l’évolution de la relation entre âge et santé. Vieillissement ne signifie pas sénescence : les progrès médicaux conduisent à une amélioration de la santé à âge donné. Les scénarios envisagés par les épidémiologistes pour l’évolution future de la morbidité sont ici passés en revue. Dans tous les cas, l’impact de la morbidité sur les prévisions de dépenses de santé devrait être assez faible.
La dynamique du progrès médical est abordée dans le troisième chapitre. Selon l’auteur, la diffusion des innovations médicales est le moteur principal de la croissance des dépenses de santé, loin devant le vieillissement de la population. C’est pourquoi dans les prévisions, les hypothèses sur le rythme futur du progrès technique sont déterminantes.
Dans le quatrième chapitre, la réflexion porte sur la valeur obtenue en contrepartie des dépenses de santé. Cela suppose de mesurer une « valeur statistique de la vie » pour évaluer l’apport des soins médicaux au regard d’autres dépenses possibles. Ce concept permet de mesurer en points de produit intérieur brut la valeur des gains en santé et en longévité, afin d’examiner si les dépenses actuelles sont excessives ou insuffisantes du point de vue des préférences collectives. Il apparaît alors que les « bénéfices » dépassent largement les « coûts ».
Cette conclusion ne signifie pas qu’il ne faut faire aucun effort pour contrôler l’augmentation des dépenses de santé, mais que quel que soit leur niveau, il faut surtout se préoccuper de leur efficacité.
CĂ©line Laisney
> “Les dĂ©penses de santĂ© : une augmentation salutaire”, Paris : Ed. ENS rue d’Ulm, 2009, 80 p, est tĂ©lĂ©chargeable gratuitement sur le site du CEPREMAP (centre pour la recherche Ă©conomique et ses applications).
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